Recherche appliquée "Vers l'élimination de la rage humaine due au chien"

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Photo: GARC

Fin 2015, l'objectif d'éliminer la rage humaine due au chien dans le monde en 2030 a été fixé. Ces derniers mois, 13 publications sont sorties sur le thème “Vers l'élimination de la rage humaine due au chien” dans le journal Frontiers in Veterinary Science. Huit sont des articles originaux de recherche, 4 des points de vue et le dernier 1 revue. Cet ensemble d'articles regroupe l'expérience et les leçons apprises de programmes plus ou moins importants de contrôle de la rage, les résultats des recherches visant à améliorer la conception et l'efficacité économique des programmes de contrôle de la rage et l'analyse des ressources nécessaires à élargir les efforts de contrôle de la rage si l'objectif d'élimination mondiale doit être atteint. 

Nous avons tous les outils nécessaires mais une synthèse de Fahrion et al. souligne les fossés à combler pour que ces outils puissent être utilisés assez largement pour atteindre l'objectif d'élimination en 2030. Cet article traite aussi des solutions possibles aux problèmes socio-politiques, organisationnels, techniques et matériels des différentes parties prenantes. Il rappelle le besoin d'une recherche appliquée illustrée par les autres articles et qui visent à soutenir et à conduire des efforts plus efficaces pour contrôler la rage dans le monde.

La preuve est maintenant faite que la rage peut être éliminée dans des environnements variables, comme le montre l'article de  Byrnes et al.  à partir de leur premier programme couvrant l'état entier du Sikkim en Inde selon l'approche "Une seule santé". Valenzuela et al. décrivent comment l'élimination des cas de rage humaine et de rage animale a été obtenue en seulement deux ans en suivant un programme global, ils calculent aussi le coût de ce programme. Un programme à plus grande échelle, bâti à partir de presque rien et couvrant tout le sud-est de la Tanzanie est décrit par Mpolya et al. Il comprend le vaccination de masse de toute la population canine et la transition réussie vers le régime intradermique pour la PEP ont permis de réduire significativement le nombre de morsures et de morts humaines, l'élimination de la rage a été obtenue dans l'île de Pemba. Dans tous ces cas, c'était un défi de maintenir la poursuite de ces programmes dans des endroits entourés par une zone où la rage est endémique.

Tout projet fournit des leçons à apprendre pour aider d'autres programmes, ailleurs, mais ceux décrits par  Vilas et al. qui sont tirés des programmes de contrôle de la rage en Amérique latine et dans les Caraïbes sont parmi les plus appropriés pour atteindre l'élimination mondiale de la rage. Un des messages clés est le besoin de stratégies régionales à cause du fait que les capacités de contrôle de la rage peuvent varier énormément d'un pays à l'autre et que la planification doit en tenir compte.

Si nous voulons atteindre l'objectif de 2030, le temps et les ressources ne doivent pas être gaspillés et plusieurs des articles permettent d'identifier des moyens de bâtir des stratégies plus efficaces économiquement. L'existence de données de surveillance de grande qualité pour appuyer les efforts de contrôle est absolument vital. Scott et al. présent un nouveau bulletin épidémiologique de la rage en Afrique dont le but est de compenser l'énorme absence de données sur ce continent, de fournir des éléments pour mieux défendre le contrôle de la rage et de fournir des analyses de la progression du contrôle. Une surveillance efficace au niveau local nécessite un engagement durable de la communauté et  Brookes et al. concluent que la confiance dans les autorités et dans la capacité des services vétérinaires à répondre aux demandes est essentielle au succès du contrôle.

Trop souvent, le travail important d'estimer la couverture vaccinale des populations de chiens divaguants est négligé. Différentes méthodes permettant de le faire ont été testées dans l'article de  Sambo et al. En utilisant un modèle théorique, Leung et Davis ont évalué le besoin en vaccination de ces chiens errants lorsque les efforts de vaccination concernent aussi les chiens à propriétaires. Ils ont montré que la sous-population la plus critique à vacciner est celle des chiens à propriétaire divaguants. En interrogeant les communautés après les programmes de vaccination à Bali, Arief et al.  ont pu suggérer différentes façons d'améliorer la stratégie de vaccination (pour se concentrer sur la vaccination des chiens divaguants), ils ont mis en évidence l'intérêt que peut avoir l'identification claire des chiens vaccinés dans la communauté pour consolider l'implication de cette communauté. 

L'efficacité économique relative des différentes stratégies est toujours un facteur important dans la conception des programmes. À partir de leur expérience au Tchad, Mindekem et al. ont montré qu'une stratégie basée sur "Une seule santé", qui combine la vaccination des chiens et la fourniture de PEP est économiquement plus efficace sur le long terme que la fourniture de la seule PEP. De plus, dans le cadre de cette stratégie "Une seule santé", la communication intersectorielle permet d'améliorer encore cette efficacité économique.

Garantir un soutien financier suffisant pour assurer la poursuite des plans de vaccination de masse est souvent un obstacle de taille. Welburn et al. étudient l'apport possible de mécanismes de financement nouveaux comme les Development Impact Bonds pour combler ce manque de financement. De tels mécanismes permettraient à des gouvernements ou à des donateurs de financer la poursuite de l'élimination de la rage une fois que des résultats satisfaisants ont été obtenus, les investisseurs prenant le risque et alors assurant une gestion plus stricte du programme.

Les compétences et les fonds nécessaires à obtenir l'élimination mondiale de la rage sont estimés dans l'article de Wallace et al.. Il s'appuie sur de nombreuses données pour calculer comment les compétences vétérinaires, la production vaccinale et l'investissement doivent être accrus pour répondre aux besoins de chaque pays anticipés à partir de la situation présente. Cet article, comme tous ceux cités dans ce numéro, a pour but de stimuler et de fournir des données à la discussion nécessaire sur la planification des stratégies régionales et mondiale, sur la mobilisation des ressources et sur le projet continu d'élimination du virus rabique nécessaire à atteindre l'objectif de 2030.

 

Contribution de Louise Taylor (GARC), Salome Dürr (Université de Berne, Suisse), Anna Fahrion (OMS), and Lea Knopf (OMS) qui ont ensemble rédigé ce sujet. Une fois terminée, ce travail sera publié sous forme d'un livret électronique à télécharger gratuitement.