Protéger les régions indemnes de rage : un atelier organisé par l'OIE aide les pays d'Asie à évaluer le risque de rage.

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Rabies risk workshop assess high-risk entry points to their countries. Photo: GARC
Des participants à l'atelier sur le risque rabique évaluent les points d'entrée à risque élevé pour leurs pays. Photo: OIE

Suite à la perte du statut indemne de rage par plusieurs régions d’Asie dont la Malaisie et l’Indonésie ces dernières années, l’organisation mondiale de la santé animale (OIE) - en collaboration avec le gouvernement national d’Indonésie et le département de l’agriculture et des ressources en eau de l’Australie - a organisé un atelier d’évaluation du risque rabique entre le 6 et le 9 mars 2019 à Bali, en Indonésie. Les participants revenaient du secteur médical et du secteur de la santé d’Indonésie, de Malaisie, de Papouasie-Nouvelle-Guinée, des Philippines, de Singapour et du Timor oriental, il y avait aussi des représentants de l’OIE, de la FAO et de GARC. L’atelier était animé par le professeur Michael Ward et le docteur Victoria Brookes de l’École des Sciences Vétérinaires de l’Université de Sydney.

La province de West Nusa Tenggara a été officiellement déclarée indemne de rage en 2017, rejoignant ainsi huit autres provinces indemnes de rage d’Indonésie. Malheureusement, ce statut a été perdu en janvier 2019 après un épisode de rage probablement liée à des mouvements coutumiers de chiens divaguant et à l’utilisation de chiens pour garder des exploitations cultivant le maïs. Cette province se trouve à l’est de Bali où la rage est endémique.

L’Asie du Sud-Est est une région qui possède un grand potentiel pour l’élimination de la rage humaine transmise par les chiens, en particulier dans les pays qui sont séparés du continent comme Brunei, la Malaisie, les Philippines et l’Indonésie. Cependant maintenir un statut indemne de rage est un défi important. En 2015, la Malaisie a perdu son statut indemne suite à  l’incursion de la rage canine dans les régions du Nord-Ouest bordant la Thaïlande. En 2017, le premier cas humain depuis 20 ans a été rapporté à Sarawak en Malaisie probablement introduit du West Kalimantan, en Indonésie. En ce qui concerne Bali, l’analyse de l’épisode de rage de 2008 a montré que les chiens enragés avaient été introduits de Kalimantan dans des bateaux de pêche.

Au cours d’une réunion préliminaire, des représentants de la Malaisie et de l’Indonésie ont identifié les zones de fort risque de passage de la rage entre leurs deux pays. Une consultation avec des experts (avec des bonbons comme accessoires) a permis d’identifier des voies d’entrée et de sortie à risque élevé pour la rage entre West Kalimantan, en Indonésie et Sarawak en Malaisie.

Map of Indonesia
2) Carte de l'Indonésie tirée du CIA World Factbook, site web du domaine public. (https://www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/)

En s’appuyant sur la réunion préliminaire, l’atelier était centré sur la présentation de concepts comme la priorisation des circuits, l’évaluation des risques et la modélisation de la maladie. Pour illustrer ces sujets, plusieurs études de cas ont été présentées qui montraient les recherches conduites par l’Université de Sydney dans des pays indemnes de rage comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’Australie.

Pendant le premier jour de l’atelier, le concept de priorisation des circuits a été présenté. À partir de données collectées pendant la réunion préparatoire, chaque pays devait identifier et prioriser les points de passage à risque élevé. Les participants ont identifié des possibles groupes humains ainsi que des routes concernées par le trafic de chiens, ils ont examiné les raisons pour avoir un chien (chasse, sécurité) ainsi que les voies de commerce entre les villages frontaliers. Le deuxième jour, chaque pays a développé des scénarios et mené des évaluations du risque. Les participants ont aussi évalué le nombre de personnes et de chiens (éventuellement enragés) qui entraient via ces points de passage à haut risque. Le troisième jour, les concepts de la modélisation d’une entrée de la rage et de l’estimation de la population canine ont été présentés.

Pendant le meeting, le Dr. Joanita Bendia De Costa Jong (Directeur Vétérinaire National, délégué de l'OIE et Ministre de l'Agriculture et de la Pêche du Timor oriental), a indiqué qu'elle allait utiliser ses nouvelles connaissances sur les points de passage à risque élevé pour protéger Timor oriental de la rage.

Cet atelier d’évaluation du risque rabique a mis en évidence le besoin pour les zones libres de rage d’être reconnues mais aussi la nécessité de comprendre la vulnérabilité constante à une incursion de la maladie et à sa possibilité de diffusion. Il y a encore plus de 150 pays où la rage est endémique. Des ateliers comme celui-ci aideront à atteindre l’objectif global d’éliminer la rage humaine véhiculée par les chiens en 2030.

Article du Dr. Sarah Jayme, représentante pour l'Asie de GARC, à partir des rapports de la  FAO et des publications sur le  nord de la Malaysie et  Sarawak en Indonesie dans le bulletin de GARC.

Traduit par Jacques Barrat, ANSES-Laboratoire de la rage et de la faune sauvage de Nancy, France