Kerenza s’entretient avec les champions : le projet Dziko au Sri Lanka

Kerenza Chats and The Dziko Project logos

Cette fois-ci je m’entretiens avec Rosie, co-fondatrice du Projet Dziko. Cette organisation travaille au niveau local pour soutenir la prise en compte du bien-être des chiens, la vaccination antirabique et l’élimination de la rage dans le sud du Sri Lanka. Rosie nous présente l’évolution du Projet Dziko depuis son modeste début en Zambie et au Malawi jusqu’à la mise au point de programmes communautaires percutants au Sri Lanka. Elle aborde aussi quelques uns des défis liés à une activité interculturelle et le pouvoir de la persévérance.

 

1. Kerenza: Commençons par le début. Comment le Projet Dziko est-il né et d’où vient son nom?

Rosie: En fait, le Projet Dziko a commencé comme un projet passion en Zambie où je voyageais avec un ami. Nous avons constamment remarqué la mauvaise condition des chiens dans les rues et les villages : beaucoup étaient mal nourris, non vaccinés et avec de trop nombreux jeunes. Le tournant a eu lieu au Malawi lorsque nous avons rencontré un chien de plage nommé Dziko. Il débordait de vie et de joie. En chichiwe,la langue locale, “Dziko“ signifie “sauvage“. Ce nom nous est resté, il correspondait parfaitement à l’esprit des chiens que nous voulions aider, résilients, libres et négligés. Nous avons enregistré officiellement le Projet Dziko en 2022 et depuis j’ai continué le travail au Sri Lanka où le besoin est immense.

 

The Dziko Project capturing a dog on the beach

2. Kerenza: Quels sont les plus grands défis liés à la rage ou à la culture auxquels vous avez eu à faire face en travaillant au Sri Lanka?

Rosie: Nous travaillons principalement dans des communautés qui n’ont d’habitude qu’un accès réduit ou inexistant aux soins vétérinaires. Cela signifie que nous couvrons de vastes zones et que nous devons fournir une multitude de services pour aider ces communautés tout en leur apportant des informations éducatives vitales. Un problème majeur est la réticence à stériliser les chiens mâles. De nombreux propriétaires humanisent leurs chiens et voient la stérilisation comme une destruction de leur masculinité ou de leur libido naturelle. Même lorsqu’on leur explique les bénéfices sanitaires de l’intervention ou les risques de ne pas l’entreprendre (comme la transmission de tumeurs vénériennes transmissibles, les TVT) les gens renoncent souvent au dernier moment. Les barrières linguistiques aggravent le problème, en effet nous sommes principalement des volontaires expatriés qui se fient au chauffeur de tuk-tuk local ou à leurs amis pour se faire comprendre. Pour résoudre ce problème, nous développons actuellement un matériel éducatif en cinghalais avec des visuels graphiques de TVT pour appuyer notre message.

 

3. Kerenza: Quelle est l’approche du Projet Dziko sur la prévention de la rage ? Faites-vous des campagnes séparées ou intégrez-vous la vaccination à d’autres actions?

A woman holding a dog waiting to be vaccinated by The Dziko Project

Rosie: Notre approche est intégrée. Lorsque nous stérilisons un chien, nous le vaccinons aussi contre la rage avec des valences supplémentaires CHPV (maladie de Carré, hépatite de Rubarth, para-influenza et parvovirose) pour lui donner une meilleure protection. Si nécessaire nous faisons aussi un traitement anthelminthique. Récemment nous avons eu un important épisode de maladie de Carré, nous avons décidé d’inclure maintenant cette valence dans notre programme de vaccination de base. Nous avons effectué quelques vaccinations ciblées lorsque des chiens enragés sont signalés dans une zone (parfois sans accès à des soins vétérinaires), mais nous ne sommes qu’une petite équipe qui s’appuie sur une collaboration étroite avec les vétérinaires locaux. Les outils de suivi de la rage de GARC nous ont beaucoup aidés car ils facilitent la saisie des données et offrent une présentation visuelle de grande qualité. Ceci était essentiel car nous avons beaucoup de tâches à concilier.

 

4. Kerenza: Vous avez dit travailler dans des communautés qui n’ont pas accès aux soins vétérinaires. Pouvez-vous nous décrire un succès qui vous a marqué?

Rosie: Bien sûr. Un cas qui nous a vraiment marqués est celui d’un chien gravement négligé avec une TVT massive et une maladie due aux tiques, la babésiose canine. Il était enchaîné, squelettique et avait tout juste accès à l’eau. Nous avons commencé à aller le voir régulièrement, à le soigner tout en éduquant la famille à devenir un propriétaire responsable de son animal domestique. En quelques semaines, la transformation était incroyable ! Le chien délaissé était devenu un animal de compagnie aimé qui se promenait librement maintenant. Il était en bonne santé et adoré. Cette famille a même commencé à nous recommander à d’autres membres de la communauté. Cela a montré comment éduquer une personne et obtenir sa confiance peut changer totalement l’attitude de la communauté vis à vis des soins aux animaux de compagnie. Nous sommes peut-être petits mais cet effet de boule de neige est puissant.

 

5. Kerenza: Quelle est la prochaine étape pour le Projet Dziko ? Comment les ressources de GARC peuvent-elles vous aider à atteindre vos objectifs?

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Rosie: Notre objectif reste la stérilisation et la vaccination avec une importance croissante accordée à l’éducation. Nous aimerions étendre notre aire d’activité vers des zones reculées dans les terres où des milliers de chiens vivent sans aucun soin depuis des années. Comme toujours, le financement reste une barrière, mais les outils de GARC facilitent la visualisation de notre travail et montrent son impact. Nous espérons aussi collaborer à la traduction de plus de matériels dans des langues locales. Si nous pouvons continuer à responsabiliser à la fois les gardiens et les communautés, nous sommes persuadés que nous pouvons construire un environnement plus sûr et bienveillant pour les personnes et les animaux.

 

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The Dziko Project vaccinating a dog