Kerenza s’entretient avec des Champions : le combat de SAFE pour le bien-être animal et l’élimination de la rage en Afrique du Sud

Comment SAFE a commencé, qu’est-ce qui vous a poussés à créer quelque chose de nouveau?
Shaun: Nous sommes impliqués dans la sauvegarde des animaux depuis longtemps, principalement en soutenant d’autres organisations, mais il nous a semblé évident que la sauvegarde seule ne suffisait plus. En Afrique du Sud, il y a tellement de chats et de chiens vulnérables. Nous avons réalisé que la seule façon de réellement faire la différence était de nous focaliser sur la stérilisation et la vaccination, principalement dans les communautés rurales et mal desservies. Voici comment SAFE est né en 2022.
Kerry: Mais les choses ne sont pas restées simples longtemps. Juste comme nous commencions, des inondations ont touché Durban et nous avons été pris par les interventions d’urgence. Nous avons fini en coordonnant les sauvetages avec la police, aidant à la fois les personnes et les animaux. Cette expérience nous a réellement ouvert les yeux sur l’intrication des défis et sur l’impossibilité d’ignorer la souffrance que l’on a devant les yeux.
Comment les communautés du KwaZulu-Natal interagissent habituellement avec les chiens?
Kerry: Cela varie énormément. Vous avez des lotissements de cabanes qui fusionnent avec un habitat plus formel, des chiens qui vont d’une communauté à l’autre et des populations importantes d’animaux qui ne sont ni vaccinés ni stérilisés. Certains chiens ont presque un propriétaire ou ce sont des chiens de la communauté, d’autres sont totalement libres de divaguer. De nombreuses personnes veulent aider leurs animaux mais n’ont simplement pas les moyens de le faire. Ils n’ont pas de moyen de transport, pas d’accès à des soins vétérinaires et aucun support légal.
Parfois les chiens sont utilisés pour le gardiennage, d’autres font partie de meutes de chasse où les soins sont presque inexistants. Les pratiques culturelles jouent aussi un rôle important, comme la croyance traditionnelle que faire une incision sous la langue d’un chien peut guérir sa “folie“, qui est probablement la rage. C’est pourquoi l’éducation est cruciale.

Quel est le rôle de la rage dans votre travail et comment l’abordez-vous?
Shaun: La rage est une menace constante, en particulier avec tant de chiens non-vaccinés. Nous avons eu des cas confirmés dans des communautés appauvries et ces chiens allaient dans des zones plus riches où les gens supposent à tort qu’ils sont en sécurité derrière des murs ou des grilles. Les combats de clôture* et le simple contact présentent toujours des risques importants.
Kerry: Il y a aussi beaucoup de fausses informations. Les gens ne savent pas à quoi la rage ressemble ou ils pensent qu’un chien qui se comporte bizarrement a été empoisonné. C’est dangereux, non seulement pour les animaux mais aussi pour les personnes. C’est pourquoi l’éducation de la communauté est aussi importante que la vaccination elle-même. Nous essayons de toucher les enfants, les adultes, tout le monde en espérant avoir un impact sur les communautés en changeant une idée à la fois.
Comment la culture affecte-t’elle la façon dont vous offrez vous services?
Kerry: La culture joue un rôle important, à la fois dans les défis et dans les opportunités. En milieu rural, les chiens sont souvent considérés comme des protecteurs. Dans les zones plus urbanisées, nous avons affaire à des choses comme des aires de combat de chiens et des mauvais traitements, souvent en rapport avec de la toxicomanie.
Il y a aussi une tendance croissante à émigrer en laissant les animaux familiers derrière soi. Tout cela contribue à l’augmentation du nombre d’animaux dans les rues et à la surpopulation dans les refuges.
Quels sont les plus grands défis auxquels vous faites face?
Shaun: L’ampleur du problème. Par exemple, une SPCA locale a pris en charge 14 500 animaux en une seule année et seulement 400 ont été placés en adoption. Cela ne concerne qu’un refuge, c’est énorme.
Kerry: Il n’existe aussi aucune protection légale pour les animaux. Vous ne pouvez pas poursuivre une personne qui ne vaccine pas son chien ou qui ne le fait pas stériliser. L’élevage non déclaré est hors de contrôle car il n’existe aucune réglementation. C’est pourquoi nous insistons tant pour que la législation change.
Racontez-nous un de vos plus récents succès.
Shaun: Nous venons de lancer une nouvelle association d’organismes de sauvegarde. C’est une structure autonome qui utilise des standards professionnels pour la stérilisation, la relocalisation correcte et ce type d’activités. Nous voulons aussi parler d’une voix unique pour faire pression sur le gouvernement afin de modifier les lois sur le bien-être animal en Afrique du Sud.
Kerry: D’autres provinces, comme Cape Town, l’ont déjà fait et cela fonctionne. Nous voulons avoir le même succès au KwaZulu-Natal. Nous avons bon espoir que d’ici deux ans nous aurons fait de réels progrès, en particulier sur la vaccination antirabique obligatoire et sur la réglementation de l’élevage.
Qu’est-ce qui vous pousse à continuer ?
Shaun: Les animaux, toujours ! Même quand les choses sont épuisantes, voir un chien guérir, une communauté changer d’attitude nous pousse à continuer.
Kerry: Les gens aussi ! Ils sont si nombreux à vouloir faire mieux, il leur faut juste les outils et la connaissance. Si nous pouvons le leur fournir, alors nous faisons quelque chose d’utile.


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*Combat de clôture : des chiens montrent de l’agressivité ou de la frustration les uns vis à vis des autres de part et d’autre d’une barrière ou d’une clôture.